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Fiche de lecture / résumé :
François Partant - Que la crise s'aggrave !





Notes : Le texte ci-dessous n'est qu'un résumé écrit au fil de la lecture, il ne comporte pas a priori d'élément critique ou de réflexion personnelle. D'autre part, l'ouvrage a été écrit en 1978. Il peut alors être utile de préciser qu'à cette date :
  • La guerre idéologique Est/Ouest faisait toujours rage.
  • La mouvance autonome était à son apogée en Europe, elle se décomposera au début des années 1980, avec des arrestations massives en Italie alors au bord de la guerre civile. L'arrivée de la gauche au pouvoir en France en 1981 lui donnera son coup de grâce.
  • Les pays du tiers-monde n'étaient pas encore rentrés dans l'insolvabilité de leur endettement provoquée par la hausse subite des taux d'intérêt eucaniens(*) de 1979. Elle sera gérée par le FMI en 1982 avec les fameux Plans d'Ajustement Sturcturels.

(*) EUCAN = Etats Unis du Centre d'Amérique du Nord.


Avant-propos
Underline

Nous avons des difficultés à remettre en cause le système. En effet, la classe dominante bourgeoise, possédante ou bureaucrate, propage son idéologie par tous les moyens possibles, en particulier l'économie qui n'est fondée que sur des doctrines et des croyances peu fondées. Les systèmes socialistes et libéraux ne sont que les deux faces d'une même médaille : les grandes révolutions du XXème siècle n'ont modifié l'idéologie qu'au strict plan politique. « Le système subordonne tout – le politique, le social, le culturel – à la formation de richesses et à la constante progression des moyens nécessaires pour en former ».

La redistribution des richesses est un problème qui importe beaucoup moins que la question de la formation de ces richesses. Dans tous les cas, elle se fait par l'exploitation du travail. En fait, les problèmes que sont censés résoudre ces richesses trouvent leur origine dans l'organisation de la société nécessaire à leur formation.

Le pouvoir de l'État poursuit le même but que la classe qui le compose, l'enrichissement. Ce dernier a permis le renforcement du pouvoir étatique, et ce dans tous les états, riches ou pauvres.

Le constat est le même pour tous les états-nations, devenus interdépendants aux relations conflictuelles. Ainsi le pouvoir des gouvernants est devenu inique : « Nos gouvernants ne sont désormais que les gestionnaires plus ou moins compétents d'un centre de décision technique, au sein du système qui évolue à l'échelle du monde et dont ils ne maîtrisent pas la dynamique. D'ailleurs une telle dynamique est par essence non maîtrisable, du fait qu'elle résulte d'une concurrence généralisée, aussi bien entre les entreprises économiques qu'entre les États. [...] Son rôle [de l'État] est beaucoup moins de mettre en oeuvre les choix politiques de la nation (sauf à les réduire à de dérisoires promesses électorales), que d'amener la nation à accepter, de gré ou de force, les conséquences de l'évolution du capitalisme à l'échelle mondiale ».

Les révoltes passent pour apolitiques, incohérentes ou contradictoires car elles se heurtent à un système cohérent. Mais si une dimension du système est ébranlée, par exemple par la crise économique dont les effets se font sentir depuis le milieu des années 70, il est possible que les illusions se dissipent et qu'une prise de conscience opère.


Naissance du système (État, nation, démocratie et pensée politique)
Underline

Le cadre légal du XIXème siècle a permis a la bourgeoisie de s'emparer du pouvoir politique, le fusionnant ainsi avec le pouvoir économique (Capital – terme défini dans l'ouvrage comme « pouvoir économique au sein du système capitaliste »). L'État a fait écran entre le peuple et les détenteurs du pouvoir, protégeant ces derniers par l'intermédiaire des lois. Notons que la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire ne permet pas la démocratie (régime dans lequel le peuple se gouverne lui-même) mais l'organisation rationnelle du pouvoir. Le processus de fabrication des lois exclut d'ailleurs le peuple de tout pouvoir décisionnel significatif. Le pouvoir de l'État se perpétue par cette escroquerie, fondamentalement inchangé par les révolutions de palais.

Il y a une nette cassure, maintenant rentrée dans les moeurs, entre l'origine sociale du peuple et celle de la classe politique. Celle-ci se perpétue par cooptation, que ce soit par l'intermédiaire des partis ou directement par les gouvernants. L'électeur ne fait qu'entériner les choix de l'État.

L'État concentre les pouvoirs et les réflexions. En effet la société n'a pas été organisée pour exercer le pouvoir, le peuple est adapté et soumis à l'économie. L'érosion de la démocratie est donc une nécessité technique. « [...] quel que soit l'étendue de ses droits et libertés, le peuple souverain ne peut mettre en question l'État, en tant que tel ».

Le concept de nation a été instrumentalisé par l'État. Celui-ci a profité de dénominateurs communs aux peuples pour les rendre « indivisibles », évitant ainsi l'émiettement de son pouvoir. La guerre (civile ou étrangère) est devenue la seule issue possible pour une nation voulant reconsidérer les fondements de sa solidarité.

L'adéquation entre les buts de la nation et celle de la classe dirigeante peut être variable d'un pays à l'autre, et variable dans le temps. Cela peut aboutir à l'enrichissement ou l'appauvrissement de la nation. Ce phénomène tend à fractionner l'humanité toute entière en classes.

Autre sentiment instrumentalisé, le nationalisme. Il est fondé sur une origine et non sur un objectif commun. Il divise ainsi souvent des sociétés dont les intérêts sont pourtant identiques, au profit des États dont les intérêts seraient menacés.

Le courant conservateur (libéral) est devenu majoritaire dans tous les pays capitalistes industrialisés. Il considère que le système économique est indépendant du politique, du social et du culturel. Pourtant, ce courant a besoin d'une politique d'État pour privilégier les intérêts du Capital. Cette contradiction explique la grande diversité des tendances réformistes, recouvrant la droite et une bonne partie de la gauche. Elles partagent toutefois le même objectif : l'efficacité économique.

Si Marx a dénoncé le rapport de production du capitalisme (exploitation), il n'a pas remis en question son mode de production (nécessité de l'accumulation). La pensée marxiste condamne ainsi le travail a avoir la fonction que lui a attribuée le Capital, le socialisme n'étant qu'une variante « marxistement-correcte » du capitalisme. Les protagonistes de ces deux principales tendances croient de manière infondée à l'efficacité de notre mode d'enrichissement.

La carte politique de la France est inconnue, car seule la carte électorale peut s'exprimer. En aucun cas ces deux cartes ne doivent être confondues.

À propos de l'humanisme : le combat des diverses organisations auxquelles il a donné naissance est beau mais vain car il ne va pas jusqu'à remettre en question les rapports de domination qui façonnent la société et légalisent les abus. L'humanisme dont se revendique la classe politique n'est concrètement qu'un discours, masquant le fait que dans nos sociétés l'être humain a été réduit à un agent de production.


Naissance du système (organisation sociale, exploitation du travail et concurrence)
Underline

Dans les pays dans lesquels la bourgeoisie a mis en place la démocratie, la loi est une formalisation des rapports de domination dans la société, permettant d'obtenir d'elle de se consacrer à l'accroissement des richesses.

La compétition pour l'accès au pouvoir est truquée, car ce ne sont que des individus qui accèdent au pouvoir, changeant éventuellement de classe pour y parvenir. Les classes sociales, elles, restent inchangées. La hiérarchie socio-économique est maintenue et justifiée par les efforts de chacun à en gravir les échelons.

Exemple d'exploitation par l'échange. Le menuisier utilise les outils fabriqués par le forgeron pour fabriquer ses chaises. Le gain de productivité obtenu par le menuisier avec les outils du forgeron est capté par le forgeron, celui-ci pouvant imposer au premier des conditions qui lui sont défavorables dans un échange où les deux parties sont interdépendantes. Le forgeron peut réinvestir ses gains (reproduction élargie du capital). Ce processus d'accumulation capitalistique peut se manifester de deux manières différentes mais équivalentes.

Exemple d'exploitation intersectorielle. Une usine produit des engrais permettant de doubler la production des paysans et fixe ses prix en conséquence. Les paysans n'ont pas d'autre choix que de doubler leur production pour rentrer dans leurs frais. Notons que dans ce cas, ce sont les ouvrier qui exploitent les paysans si les profits sont transformés en salaires.

Dans tous les cas, l'État bénéficie de l'exploitation. À double titre : par la croissance, condition de perpétuation de la société, et par le financement des institutions hiérarchisée de propagation de l'idéologie. « Par conséquent, le travail assure non seulement la « reproduction » élargie du Capital, mais aussi la reproduction élargie de l'État ». Tous les travailleurs d'une même construction socio-économique sont liés, et leur exploitation mutuelle continuera tant qu'ils ne pourront pas décider souverainement que faire de la valeur qu'ils créent ensemble. Le problème est aujourd'hui situé à l'échelle mondiale.

Le salariat a retiré aux travailleur le choix de la finalité et du sens de leur travail, laissant ce choix aux seuls Capital et à l'État. Le paysan, généralement non-salarié, ne maîtrise plus ses conditions de production. Il est soumis aux mêmes contraintes que le reste des travailleurs et, comme les autres, ne travaille plus que pour la contrepartie de son travail.

À travers l'épargne, le Capital recouvre en fait la quasi-intégralité du corps social. C'est un pouvoir immanent que tout le monde exerce et subit. Les entreprises sont soumises à des règles identiques, et leurs choix sont guidées par les impératifs techniques qui y sont liés. La recherche du profit est ainsi plus une nécessité issu du système concurrentiel qu'un choix.

L'enrichissement, critère unique qui guide le Capital, est le critère prépondérant de l'État, ce qui fait que sa politique est indistinguable de celle du Capital. Toute action de l'État doit in fine être rentable.

L'arrivée de l'industrie au XIXème siècle va accélérer le processus d'enrichissement, en faire une fin en soi et le rendre irréversible par nécessité.


L'industrie, le travail monopoliste et le chômage
Underline

L'industrie a pour particularité l'accroissement rapide de la productivité et une synergie avec la plupart des autres secteurs d'activité permettant leur développement. L'industrie perfectionne les biens, augmentant ainsi leur valeur économique (sans nécessairement accroître leur valeur sociale). La valeur ajoutée revient de cette façon au Capital.

Grâce à l'industrie, quelques pays ont pu étendre le champ d'action de leurs entreprises à l'échelle du globe. Là où le système économique s'est installé, s'est effectuée une séparation, entre les activités rentables et celles non-rentables, en regard des besoins des pays industrialisés. Une grande partie des secteurs d'activité des pays dits pauvres a été exclue de ce système. Ces pays ont en fait été appauvris par sous-utilisation de leur main d'oeuvre, alors qu'ils hébergeaient parfois une civilisation brillante avant d'être « découverts ».

La valeur résiduelle des exportations (vers les pays industrialisés), ce qui revient aux populations, diminue. En effet, le rapport de prix entre les biens manufacturés et les matières premières augmentent. Les pays non-industrialisés ont donc de plus en plus de mal à acquérir ces biens, ne serait-ce que ceux qui leur servent à augmenter leur productivité. Cette recherche de productivité n'a que des effets néfaste pour les populations, mais bénéficie aux États sous forme de taxes (leurs intérêts sont opposés). De ce point de vue, l'aide au développement n'a fait qu'empirer les choses, tout comme l'industrialisation de ces pays, qui leur ont permis d'augmenter leur productivité et leur spécialisation dans la division internationale du travail.

Les pays du tiers-monde ne s'industrialisent pas, ils possèdent juste des usines. Celles-ci produisent des objets finis avec beaucoup trop peu de travail, la majeure partie du procès de fabrication restant dans les pays développés, et génèrent donc du chômage. De nombreux secteurs d'activité sont ainsi sinistrés. Les usines vendues au tiers-monde sont rentables 1) s'il y a un transfert de biens vers chez nous (nous importons ce que produisent leurs usines), 2) si le faible prix de la main d'oeuvre permet de compenser le coût de l'installation. Les pays industrialisés deviennent dépendants de l'insertion du tiers-monde dans l'économie, toute sécession étant alors sanctionnée par l'organisation de coups d'état par exemple.

La théorisation de la discipline économique fait oublier le caractère arbitraire du « fait économique ».

Les improductifs pèsent de plus en plus lourd sur la population active qui devrait être en expansion constante pour suivre les progrès amenés par l'industrie. Cette crise qui était inévitable a été à la fois retardée et aggravée par l'entrée des pays du tiers-monde dans l'économie. Il ne sert à rien de tenter de redistribuer la richesse créée car elle n'est pas réellement richesse mais plutôt capacité à produire.


Croissance et impérialisme
Underline

Soit le PNB progresse, soit il régresse et ce ne peut être qu'une récession, le poids de l'État étant un facteur aggravant. La croissance doit être infinie, qu'elle le puisse ou non, car la société entière est construite sur cette idée. La dévalorisation régulière des biens par destruction – y compris par la guerre – ou obsolescence assure un certain rythme de croissance.

Le nombre de travailleurs baissant dans le secteur de la production de biens, il faut de nouveaux secteurs d'activités pour distribuer les salaires nécessaires à l'achat de la production. La production d'Outils est ainsi devenue prépondérante dans l'économie. Dans le même ordre d'idée, conjointement à la spécialisation des activités, le tertiaire a explosé dans les pays anciennement industrialisés pour s'emparer des secteurs de la vie qui n'étaient pas soumis à l'économie auparavant.

La concurrence pousse à la concentration, qui aboutit au monopole (en particulier celui du travail) et fait disparaître la concurrence. Cette concentration est internationale et ne fait que refléter la mondialisation du Capital et la fin de l'indépendance des politiques nationales.

Par nécessité, les chasses gardées (ex-colonies) des grandes puissances se sont ouvertes aux capitaux des autres puissances. Puis toujours par nécessité, ce sont ces puissances qui se sont ouvertes. Les économies ne sont plus nationales, ce qui change la donne politique. Il est impossible de s'opposer à ce mouvement, sauf à remettre en cause le « progrès ». Le protectionnisme aurait des effets calamiteux, alors que la libéralisation permet l'accumulation nécessaire de capitaux dans des pôles éventuellement mouvants. Comme les économies n'ont plus d'ancrage national, les gouvernants n'ont plus de réelle prise dessus. Ils ne peuvent que se borner à être des techniciens plus ou moins compétents au service du Capital mondialisé.

Les liens culturels revendiqués par les anciennes colonies avec les pays impérialistes s'expliquent par le fait que ce sont les États qui s'expriment, pas les peuples. L'impérialisme est mené par quelques États qui se positionnent en gendarmes défendant leur pré-carré, mais est en fait nécessaire à tous les États, y compris ceux qui n'ont pas eu de colonies. Entre pays développés, la guerre est devenue inutile car le contrôle des territoires s'effectue déjà par le biais du Capital.

La concurrence entre les deux blocs (libre et socialiste) se manifeste généralement dans des pays non-industrialisés. Elle peut éventuellement tourner à la guerre si les progressions géographiques mettent en péril les progressions économiques en terme d'approvisionnements ou de débouchés. Les populations sont ainsi conditionnées pour se croire dans le « bon » camp, alors que les deux se battent pour la même cause totalement absurde.


Opulence et rareté
Underline

Les sociétés dites primitives ajustaient leur production en fonction des besoins qu'elles avaient évaluées en commun, une fois pour toutes. L'outil pouvaient améliorer les conditions de vie car il ne redéfinissait pas les besoins. La rareté organisée a toujours existé mais culmine avec l'apparition du capitalisme industriel.

La plupart des gens ne vivent pas mieux qu'avant, ils vivent autrement. Les objets de la société de consommation créent de nouvelles contraintes, ce qui fait évoluer les besoins, auxquels répondent de nouveaux objets. La qualité de vie a plutôt tendance à se dégrader qu'à s'améliorer.

La valeur-travail (valeur nécessaire à la reproduction de la force de travail) dépend du contexte de vie du travailleur. Pour de nombreuses personnes, le salaire ne correspond qu'à la valeur-travail. La reproduction élargie du capital se traduit par un élargissement de la classe dominante, ce qui accroît le pouvoir du Capital et de l'État.

C'est notre mode d'enrichissement qui crée structurellement les problèmes sociaux, il ne peut donc les résoudre.

Les techniques ne constituent un progrès que si ce qu'il fait est essentiel pour la société. Il n'aura pas de valeur pour une société organisée différemment (exemple : les pyramides égyptiennes). « Le progrès technique n'a aucun sens, en lui-même. Il n'a de sens que par rapport à la société qui le réalise. Et si celle-ci est construite sur des bases malsaines, il n'a aucune chance d'être un « progrès ». » Si l'ensemble de la planète bénéficiait de nos progrès techniques, elle serait rapidement invivable. Dans cette perspective, ce progrès semble dérisoire.


Ordre interétatique et sociétés bloquées
Underline

Dans le tiers-monde comme ailleurs, la classe dirigeante peut être considérée face à l'Histoire comme traîtresse du peuple qu'elle croit diriger. Les sociétés ne peuvent plus se considérées comme aptes à orienter leur destin par leurs choix économiques et techniques, il s'agit d'une régression et non d'un développement. Les sociétés se retrouvent bloquées, malgré leur illusion d'évolution permanente.

À la violence sociale s'oppose la violence individuelle, seul moyen de s'affirmer dans la société. Devant l'insécurité résultante, les gens s'en remettent à l'État, ce qui ne fait qu'aggraver la situation.

La condition du développement d'une société qui reste maîtresse de son destin, c'est l'évolution de tous ses membres et non de sa seule élite.

Une révolution du type lutte des classes n'a aucune chance de se produire, dans les pays anciennement industrialisés comme dans le tiers-monde, les classes étant trop floues et les dépendances internationales trop fortes.


Autogestion de la crise
Underline

La crise dont les effets se firent sentir à partir de 1975 est beaucoup plus longue que prévue par les économistes, car structurelle et non conjoncturelle comme ils l'avaient annoncée. La suspension de la dette des pays du tiers-monde ne ferait que l'aggraver car ceux-ci redeviendrait solvables et continueraient dans la voie dans laquelle ils sont lancés. Leurs deux autres revendications – l'indexation des prix des matières premières sur celui des produits finis et les transferts de technologie – n'auraient pas non-plus pu permettre d'arrêter la crise. L'ensemble des partis politiques ne proposent comme solution que de gérer le capitalisme mieux que les autres.

Mais la crise peut être mise à profit pour bouleverser le système, par accentuation de ses contradictions plutôt que par la force. La transformation sociopolitique ne devrait pas passer par des rapports de force, car perpétuer ces rapports serait faire le jeu du système et empêcherait l'élimination du pouvoir.

La division entre droite et gauche n'a alors plus de sens, il serait plus pertinent d'y substituer une démarcation entre ceux qui respectent le système et ceux qui cherchent à l'évacuer. Toutes classes, organisations et mêmes individus « contestataires » seraient ainsi coupés en deux et amenés à se positionner.

Les refus des multiples aspects et contraintes du système se multiplient. Les contestataires n'y sont que des minorités disparates, mais croissantes. Tôt ou tard elles se doteront d'un schéma politique commun. L'organisation de ces forces éparses devra permettre à une fraction croissante de la société d'autogérer sa propre crise.

À une échelle qui ne peut être que mondiale, il faudra trouver un modèle de société définissant ses besoin avant tout effort de production, empêchant les différences de se transformer en inégalités et permettant aux communautés de s'auto-administrer, et où les échanges seraient basés sur des critères subjectifs.

Dans un système cohérent, si un aspect paraît critiquable, le reste finit par le devenir. La remise en question fondamentale de ce que nous pensons et de ce que nous sommes va être facilitée par la crise.



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